Société

Manifestation de Nantes : un homme perd un testicule suite à un tir de LBD

26 avril 2023 à 14h18

Manifestation de Nantes : un homme perd un testicule suite à un tir de LBD

Manifestant mutilé lors d'une manifestation à Nantes : les LBD à nouveau pointés du doigt

Lundi 24 avril 2023, lors d'une manifestation à Nantes pour le premier anniversaire de la réélection d'Emmanuel Macron, un homme de 37 ans a subi l'ablation d'un testicule à la suite d'un tir de LBD. Selon le parquet de Nantes, la scène s'est déroulée peu avant 22 h 30, sur une place située à proximité de la préfecture, après une série de face-à-face entre les manifestants et les forces de l'ordre dans divers endroits du centre-ville. Environ 500 personnes s'étaient rassemblées vers 20 h au son des casseroles, munies de toutes sortes d'ustensiles bruyants, pour un défilé improvisé dans l'hyper centre, dans une ambiance plutôt calme.

Cependant, vers 21 h, les manifestants ont voulu à plusieurs reprises pénétrer dans les ruelles très fréquentées du quartier historique de Bouffay, essuyant quelques tirs de gaz lacrymogènes des forces de l'ordre pour les repousser. C'est alors qu'un manifestant a été atteint par un tir de LBD. Immédiatement transporté à l'hôpital, il a subi l'ablation d'un testicule, a indiqué le procureur de la République de Nantes Renaud Gaudeul. Le parquet a ouvert mardi matin une enquête confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) afin de "déterminer si ce tir a été réalisé dans des conditions régulières", selon le magistrat.

Initialement placé en garde à vue pour "violences volontaires sur des personnes dépositaires de l'autorité publique", pour jet de projectile, "l'intéressé a été remis en liberté dans l'attente de la poursuite des investigations", a-t-il précisé. Présent lors de cette manifestation, le député de la France Insoumise Andy Kerbrat a regretté mardi sur Twitter "qu'un jeune homme se retrouve émasculé alors que la manifestation était festive, sans aucune violence". Il a également demandé au ministre de l'Intérieur "d'interdire ces armes mutilantes, symboles d'une répression inacceptable".

Les LBD, des armes dangereuses et controversées

Les LBD (lanceurs de balles de défense) sont des armes non létales utilisées par les forces de l'ordre pour disperser les manifestants. Elles ont été introduites en France dans les années 1990 pour remplacer les armes à feu. Les LBD projettent des balles en caoutchouc ou en mousse à une vitesse de 100 m/s. Selon les fabricants, elles sont censées être utilisées à une distance minimale de 10 mètres pour éviter les blessures graves. Cependant, plusieurs incidents ont révélé que ces armes peuvent causer de graves blessures, voire la mort, lorsqu'elles sont utilisées à courte distance.

En effet, depuis leur introduction en France, les LBD ont été à l'origine de nombreuses controverses et de plaintes pour violences policières. Plusieurs manifestants ont été gravement blessés, parfois perdant un œil ou subissant des fractures du crâne. Le Défenseur des droits, une institution indépendante chargée de défendre les droits des citoyens, a déjà alerté à plusieurs reprises sur les dangers de l'utilisation des LBD. En 2019, après plusieurs mois de manifestations des "gilets jaunes", le gouvernement avait annoncé des restrictions d'utilisation des LBD, notamment en interdisant leur usage à courte distance.

Cependant, de nombreuses voix s'élèvent régulièrement pour demander l'interdiction totale de ces armes. Des associations de défense des droits humains, comme Amnesty International, ont dénoncé leur utilisation abusive par les forces de l'ordre et ont appelé à leur interdiction. En janvier 2021, le Conseil d'État a rejeté une demande d'interdiction des LBD, mais a toutefois demandé au gouvernement de mieux encadrer leur usage.