«Balisage, traquenard et course-poursuite» : un règlement de comptes comme si vous y étiez
5 décembre 2018 à 10h14
Deux hommes témoignent d'un règlement de comptes dont ils ont été les victimes.
Nous sommes en 2015. À l'époque, un improbable règlement de comptes s'opère dans le tunnel du Vieux-Port de Marseille. En effet, le gang des « blacks » ainsi que celui des « gitans » se défient dans le but de garder le contrôle du trafic de stupéfiants à Marseille. Un événement d'une extrême violence sur lequel nous vous proposons de revenir.
En effet, à l'époque, Omar Mhoumadi, El Mounir Ahamadi, Mohammed Mhoumadi (dit « Babouin ») et Anthony Costa circulent tranquillement dans Marseille lorsque, au moment d'arriver dans le tunnel du Vieux-Port, essuient une série de tirs. « Les détonations des kalachnikovs à l’intérieur du tunnel étaient hallucinantes. Ça faisait un tel bruit d’armes de guerre que je ne sais pas si des coups ont été tirés depuis notre véhicule », se rappelle ainsi Omar Mhoumadi, seul survivant de ce drame, avec El Mounir Ahamadi.
Un récit qui fait froid dans le dos
Poursuivi pour « association de malfaiteurs », ce dernier est aujourd'hui jugé par la 7e chambre du tribunal correctionnel de Marseille. La faute notamment au trafic de drogue mais également aux armes de poings retrouvées dans le véhicule, juste après le drame. Chose insolite, les deux hommes comparaissent avec quatre membres des « gitans », qui eux, sont accusés d'avoir balisé la voiture de « Babouin ».
Et c'est bien ce balisage qui va mettre le feu aux poudres. En effet, selon le prévenu, « Babouin » craque totalement lorsqu'il découvre la puce. Selon lui, il s'agirait même d'une bombe. Le lendemain, les quatre iront déposer la voiture et repartiront à bord d'une BMW de location. Problème, ils sont suivis, non pas par la police comme le pense d'abord Babouin, mais par leurs rivaux.
Une fois dans le tunnel, ils tombent nez à nez avec un BMW blanche. « On a essayé de la doubler, mais elle ne nous laissait pas passer. J’ai pensé qu’ils voulaient se tirer la bourre comme c’est souvent le cas à cette heure-ci ». Une fois les deux voitures côte à côte dans le tunnel, les deux hommes de la voiture blanche, cagoulés, « arrosent » la BMW grise de tirs à la kalachnikov. À 23h55, El Mounir décroche le téléphone d'urgence, « Venez me chercher, je me suis fait tirer dessus. Je suis caché, je n’ai plus de balles. Est ce que mes cousins ont été touchés ? », s’inquiète-t-il. « Oui au moins un, monsieur », rétorque l’agent. « Elle est partie la voiture ? » « Oui monsieur ».
Quelques instants plus tard, Mounir confiera lui, avoir vu Babouin se prendre trois coups de crosse alors qu'il était déjà mort. Son bras droit, Anthony Costa lui, ne survivra pas à ses blessures. Mais certains faits posent questions... « Pourquoi avoir récupéré son arme avant de la jeter dans une plaque d’égout, en prenant le soin de mettre des gants, sans même vous soucier de lui ? » demande Patrick Ardid. « On venait de se faire tirer dessus. Je l’ai récupéré pour me défendre s’ils revenaient. Ensuite, je ne voulais pas qu’on me soupçonne d’avoir tiré, quand la police est arrivée, je leur ai tout de suite dit où elles étaient. Et on s’est occupé d’Anthony » répond Mounir qui confiera que son ami lui, sera directement conduit en prison, sans même passer par la case hôpital.