Scandale des eaux en bouteille : Nestlé et son influence au sommet de l'État
/medias/A8i6543ugr/image/t_l_charg___2_1738664605452.jpeg)
Modifié : 4 février 2025 à 11h23
Une enquête révèle les pressions exercées par Nestlé sur les plus hautes instances gouvernementales françaises concernant la qualité de leur eau en bouteille.
L'affaire des eaux en bouteille a pris un tournant inattendu suite à la révélation de documents montrant l'étendue des efforts de lobbying de Nestlé auprès de l'État français. Malgré des risques sanitaires identifiés, le géant de l'agroalimentaire a obtenu le droit d'utiliser des filtres non conformes pour traiter son eau en bouteille.
Les documents, dévoilés par la cellule investigation de Radio France et Le Monde, montrent une série de rencontres et d'échanges au plus haut niveau de l'État, impliquant des conseillers de l'Élysée et de Matignon. Ces interactions ont mené à des décisions gouvernementales favorables à Nestlé, malgré les avertissements de la Direction générale de la Santé.
En 2021, Nestlé a été reçu par le cabinet de la ministre de l'Industrie après que des enquêtes ont mis en lumière des pratiques illicites de traitement de l'eau. Les filtres utilisés par Nestlé, interdits car ils désinfectent l'eau, étaient en contradiction avec la réglementation qui exige que les eaux minérales naturelles soient pures et non traitées chimiquement.
Malgré les recommandations de l'Anses et de l'Igas, qui ont souligné l'inefficacité des filtres de Nestlé à garantir la sécurité sanitaire et le risque de masquer la présence de pathogènes, le gouvernement a cédé aux demandes de Nestlé. Des pressions économiques, notamment la menace de suppressions d'emplois, ont également pesé dans la balance.
La situation a créé une tension entre les ministères concernés, certains plaidant pour la suspension immédiate de l'autorisation d'exploiter les sources de Nestlé, d'autres se rangeant du côté de l'entreprise. Finalement, une décision interministérielle a permis à Nestlé de continuer à utiliser ses filtres controversés, sous prétexte d'une surveillance renforcée de la qualité de l'eau.
Cette affaire soulève des questions sur l'influence des multinationales sur la politique publique et la protection des consommateurs, et met en lumière les défis de la régulation des pratiques industrielles face à de puissants intérêts économiques.