500 médecins dans le viseur de l’Assurance maladie pour trop d’arrêts maladie

Société

500 médecins dans le viseur de l’Assurance maladie pour trop d’arrêts maladie

Modifié : 8h47

L'Assurance maladie fixe des objectifs de réduction des arrêts de travail pour 500 médecins jugés trop généreux, avec des conséquences potentielles sur leur pratique.

L'Assurance maladie a récemment décidé de mettre en place des mesures pour contrôler les prescriptions d'arrêts de travail par certains médecins généralistes. Dès le 1er septembre, 500 médecins ont été placés sous un régime de mise sous objectifs (MSO), dans le but de diminuer le nombre d'arrêts de travail qu'ils délivrent. Ces médecins ont été identifiés pour prescrire en moyenne le double d'arrêts par rapport à d'autres professionnels aux profils similaires. Ils auront six mois pour réduire leurs prescriptions de 20 à 30 %, selon les directives de l'Assurance maladie.

Cette initiative n'est pas bien reçue par la communauté médicale. Les médecins concernés se sentent injustement ciblés et déplorent une approche qui semble ignorer la réalité du terrain et les besoins de leurs patients, en particulier ceux exerçant des métiers pénibles. Ils doutent également de la fiabilité des données utilisées par l'Assurance maladie pour identifier les médecins 'trop prescripteurs'. Ils craignent que cette démarche ne nuise à la qualité des soins et ne respecte pas leur jugement professionnel.

En cas de non-respect des objectifs fixés, les médecins pourraient se voir imposer une procédure encore plus contraignante : la mise sous accord préalable (MSAP). Cette mesure implique que chaque arrêt de travail prescrit par le médecin doive être approuvé par le service de contrôle médical avant que le patient ne puisse recevoir ses indemnités journalières. Il est à noter que, selon un bilan de l'Assurance maladie, la majorité des médecins mis sous MSO par le passé ont réussi à atteindre les objectifs fixés.

La pression sur ces médecins s'inscrit dans un contexte où les dépenses d'indemnités journalières ont connu une augmentation significative, avec une hausse de 27,9 % entre 2019 et 2023. L'Assurance maladie attribue cette hausse non seulement au vieillissement de la population et à l'augmentation des maladies chroniques, mais aussi à une fréquence accrue des arrêts de travail. Une deuxième vague de mise sous objectifs est prévue pour début 2026, touchant potentiellement 500 autres médecins généralistes.

Cette situation met en lumière les tensions entre les impératifs de gestion des dépenses de santé et le rôle des médecins dans la prise en charge de leurs patients. Le débat est vif et les enjeux sont importants tant pour le système de santé que pour les professionnels et les patients concernés.