Société

Une pétition pour recenser les policiers et gendarmes auteurs de violences intra-familiales est lancée

6 août 2021 à 15h41

Une pétition pour recenser les policiers et gendarmes auteurs de violences intra-familiales

"On a besoin de forces de l’ordre intègres pour venir à bout des violences faites aux femmes." Pour garantir ce prérequis, le collectif Abandon de famille - Tolérance zéro lance une pétition dans laquelle il réclame au ministère de l’Intérieur d’effectuer "l'inventaire" des policiers et gendarmes "agresseurs de femmes et enfants".

 Une demande soutenue par plus de 23 000 signatures qui surgit après une révélation du canard enchainé. L’hebdomadaire a fait savoir que le policier qui avait recueilli la plainte de Chahinez Daoud contre son mari était lui-même un mari violent. Résultat, Chahinez est morte brulée vive et le policier qui avait enregistré sa déposition a été condamné pour « violences habituelles sur son ex-femme ».

"Leur implication dans des affaires de violences affecte leur appréciation de la gravité des comportements. Les agents s’identifient à l’auteur des violences, minorent leurs actes et rejettent la parole de la victime" affirme Stéphanie Lamy, cofondatrice de l’association.

Pour cela, son association réclame un recensement des membres violents des forces de l’ordre. Pour elle "Une telle enquête permettrait de briser l’omerta autour de ce phénomène et d’affecter les mis en cause dans des services où ils ne sont pas amenés à enregistrer des plaintes".

« Il ne s’agit pas de bafouer la présomption d’innocence en divulguant leur nom, mais de communiquer un chiffre. »

De plus, Stéphanie rappelle que dans la condamnation du policier ayant mal traité la plainte de Chahinez Daoud, il n’y aurait pas de mission d’inspection commandée par le ministre de l’Intérieur pour identifier les failles du processus judiciaire dans cette affaire.

Dans son livre Silence on cogne, co-écrit avec Alizé Bernard, Sophie Boutboul note que la profession des agresseurs était précisée dans 1210 cas recensés lors des appels au 3919. 115 des dénonciations portaient sur des faits commis par des policiers ou des gendarmes.

Anais Leleux, fondatrice du collectif Pouvoir féministe qui soutient également la pétition d’abandon de famille affirme : « Certes les violences conjugales concernent tous les corps de métier, mais mettre en place ce recensement dans le cas des policiers et gendarmes a un sens car cette implication empêche leur neutralité dans le traitement de ces affaires. Par ailleurs, cela aiderait leurs conjointes à faire les démarches judiciaires qui sont encore plus difficiles dans leur situation ».

"Du côté de l’agent violent, les même phrases reviennent: ‘C’est moi la loi’, ‘c’est ta parole contre la mienne’, ‘je connais le procureur, la plainte reviendra sur mon bureau’", énumère la journaliste qui dénonce également l’utilisation d’outils mis à leur disposition par l’Etat pour nuire à leur victime.

L’une d’entre elles témoigne "J’ai voulu aller porter plainte mais il m’en a dissuadée en me menaçant (...) Aujourd’hui, il est brigadier-chef et il prend certainement des plaintes (...) Par sa fonction, il s’est cru au-dessus des lois".

Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Police indique que « C’est une chasse aux sorcières », pour lui "Tout cela sous-entend qu’il y aurait une omerta couverte par la hiérarchie".

Dans le note adressé le 2 août au directeur de la police nationale, le ministère de l’intérieur l’a rappelé. Gérald Darmanin a indiqué que tout policier ou gendarme a l'obligation de "rendre compte au plus vite à sa hiérarchie de toute mise en cause ou condamnation pénale dont il fait l'objet et dont il a connaissance".

Le 30 Mars dernier, Fiona Lazaar, députée de la République en Marche avait interrogé le gouvernement sur les modalités de suspension du port d’arme. Une question qui est restée sans réponse.